3/06/19

Épargne : les bons résultats du Livret A et de l'assurance vie

Les deux placements préférés des épargnants français, le Livret A et l'assurance vie, ont connu un engouement record au cours des quatre premiers mois de l'année 2019. Cet effort d'épargne va de pair avec le sentiment d'inquiétude quant à l'avenir.

Les Français épargnent plus que jamais

En dépit d'un rendement divisé par deux en dix ans, l'assurance vie reste le placement préféré des épargnants français et atteint même des montants records en ce début d'année. Au mois d'avril 2019, la collecte nette (versements - retraits) s'est établie à 3,4 milliards d'euros, un niveau inégalé depuis décembre 2012. La collecte totalise 11,2 Md€ depuis janvier 2019, soit un bond de +38% par rapport à l'an passé.

Pourquoi un tel souci d'épargne ? Selon l'économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Épargne, "l'assurance vie bénéficie tout à la fois de l'augmentation du pouvoir d'achat en ce début d'année et du refus des ménages à s'engager dans des dépenses importantes". La crainte d'un retournement économique et d'une augmentation des prélèvements sociaux incite les Français à la prudence, auquel il convient d'ajouter l'effet "Gilets Jaunes" qui pénalise l'économie des centres-villes depuis novembre. On ne dépense pas, donc on place.

Un report également visible sur le Livret A et le LDDS (Livret de Développement Durable et Solidaire). Avec près de 10 Md€ sur les trois premiers mois de l'année dont 7,9 Md€ pour le seul Livret A, l'encours total sur ces deux livrets défiscalisés atteint 401 Md€ à fin mars. Le niveau de collecte établi au premier trimestre 2019 est parmi les plus hauts depuis 2013.  

Livret A et assurance vie : 2 placements sans risque,...qui ne rapportent rien !

L'épargnant français a une aversion pathologique du risque. A la perspective d'un rendement supérieur que pourrait lui offrir un placement boursier, il préfère la garantie en capital des fonds en euros et une rémunération qui se réduit comme peau de chagrin. L'assurance vie en unités de compte ne répond pas à ce besoin de sécurité. Sur un encours global de 1 745 Md€, les fonds en euros totalisent 1 300 Md€. En 2018, les fonds en euros ont rapporté en moyenne 1,8% (net de frais de gestion) comme en 2017, soit une performance négative après l'inflation (1,8% en 2018) et les prélèvements sociaux (17,2%). Ce statu quo s'explique par le léger rebond des fonds en euros des contrats bancaires. Les épargnants ont eu raison de privilégier ce mode de placement : les supports en unités de compte ont terminé l'année 2018 avec une performance moyenne de -8,9% contre +5,3% en 2017. Même coup de massue pour les supports eurocroissance (-3,5% en 2018 contre +3,4% en 2017). En cause, le contexte boursier défavorable. Il faut néanmoins garder en mémoire que l'assurance vie a été conçue pour héberger une épargne de moyen et long terme, une vision court-termiste oblitère de surcroît toute optimisation fiscale.

Le bon vieux Livret A est le produit d'épargne le plus détenu par les Français : plus de 9 Français sur 10 en possèdent un. Créé en 1818, le produit a toujours séduit malgré une rémunération en forte baisse ces dernières années. Ce succès tient en 2 points : le Livret A est sans frais, exonéré d'impôts et de prélèvements sociaux. Son taux actuel de 0,75% est le plus faible depuis sa création, ce qui n'a pas dissuadé les épargnants français, preuve en est la collecte de ce début d'année 2019. Au regard du taux de l'inflation sur un an (1,8%), le rendement réel du Livret A est négatif, comme pour l'assurance vie. Fixé à 0,75% depuis juillet 2017, le taux restera bloqué jusqu'à fin janvier 2020, date à compter de laquelle la réforme de la méthode de calcul du taux doit entrer en vigueur. La nouvelle règle sera plus simple : le taux sera la moyenne semestrielle du taux d'inflation et des taux interbancaires à court terme (EONIA), arrondie au dixième de point le plus proche. Quels que soient la situation des taux d'intérêt et le niveau de l'inflation, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a promis que le taux du Livret A ne pourra jamais être inférieur à un minimum absolu de 0,5%.


Hervé Labatut

Par , le lundi 3 juin 2019


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